Le détatouage est un acte médical en demande croissante ces dernières années parallèlement à la démocratisation des tatouages. Si beaucoup de personnes tatouées souhaitent garder leur(s) tatouage(s), on estime qu’il y a environ 1 français tatoué sur 10 qui souhaite se faire enlever un ou plusieurs tatouages.
De nombreuses avancées techniques et scientifiques permettent depuis une dizaine d’années d’effacer un tatouage avec plus ou moins d’efficacité et de sécurité. Enlever un tatouage au laser, par la chirurgie, l’acide lactique… voilà autant de techniques plus ou moins efficaces et sécuritaires.
Les différentes techniques de détatouage.
Le détatouage chirurgical
Auparavant, le détatouage par un chirurgien faisait partie des pratiques les plus répandues pour enlever un tatouage. Selon sa taille, la zone du corps tatouée, il pouvait être nécessaire de réaliser plusieurs chirurgies successives, parfois délabrantes.
Détatouage : ablation du tatouage par chirurgie
Cette technique consiste à enlever la peau sur laquelle se trouve le tatouage. Celui-ci doit être de petite taille de préférence, et bien évidemment, la formation de cicatrices par cette technique de détatouage est inévitable.
Détatouage par greffe de peau
Très peu répandue, cette technique pour enlever un tatouage est onéreuse et douloureuse. Cette méthode consiste à recouvrir le tatouage avec un greffon de peau. La cicatrice est constante, inesthétique et peut être à l’origine d’inconfort.
Le détatouage sans laser à l’acide lactique
Assez décriée par les dermatologues et certains praticiens pour ses risques sur la peau, le détatouage à l’acide lactique promet d’enlever un tatouage à moindre coût. Mais à quels prix et risques pour votre peau !
Il est intéressant de noter que ces techniques de détatouage par destruction chimique (à l’acide lactique principalement) existent en réalité depuis le 19ème siècle ! Elles n’ont rien de nouveau et présentent de nombreux risques pour la peau, notamment cicatriciels.
Le détatouage à l’acide lactique comment ça marche ?
C’est un procédé d’extraction chimique : on injecte de l’acide lactique dans le derme et l’épiderme afin de provoquer une réaction chimique pour expulser les pigments du tatouage. Cette escarrification du derme et de l’épiderme peut provoquer de graves complications cicatricielles et notamment des nécroses.
Des études rapportent depuis 2015 plusieurs cas de complications relativement graves suite à un détatouage à l’acide lactique. Parallèlement à cela, il n’existe pas d’études sérieuses prouvant l’innocuité ou l’efficacité de telles techniques.
Nous ne pouvons qu’encourager les patients à se renseigner au préalable sur un détatouage à l’acide lactique dit souvent “détatouage sans laser”.
Le détatouage au laser
Le détatouage au laser existe depuis une vingtaine d’années d’environ. Il s’agit de la technique pour enlever un tatouage la plus utilisée au monde. C’est le traitement de référence. Elle présente en effet de nombreux avantages !
Enlever un tatouage au laser CO2 ou laser ablatif
Le laser CO2 est parfois utilisé pour effacer un tatouage de petite taille. Cependant du fait de sa faible profondeur d’action il n’est pas efficace sur les pigments de couleur situés profondément dans la peau. Les risques cicatriciels existent mais sont bien moindres qu’avec d’autres techniques sans laser. Il faut compter environ une quinzaine de jours de cicatrisation et plusieurs séances selon le tatouage à retirer.
Retirer un tatouage au laser Q-switched ou déclenché
Jusqu’à il y a environ 5 ans, le laser Q-switched, qui utilise la technologie de la “nano-seconde”, était le laser le plus utilisé pour détatouer les patients.
Le but d’une séance de détatouage avec ce laser est de fragmenter, par un effet photo-acoustique, les pigments du tatouage en particules qui seront ensuite éliminées progressivement par les cellules macrophages de la peau. (Cellules nettoyeuses)
Les séances de détatouage doivent être espacées de deux mois environ pour permettre aux tissus de cicatriser. L’efficacité est excellente sur la plupart des couleurs et des profondeurs, et le risque cicatriciel est moindre qu’avec les techniques sans laser ou laser ablatif.
Le détatouage au laser PicoSure ou picoseconde
Il s’agit d’une technique de détatouage qui se démocratise largement depuis l’invention du laser PicoSure en 2015. L’innovation majeure de ce laser est qu’il utilise la technologie de la pico-seconde contrairement aux lasers de type Q-Switched.
L’avantage principal d’un détatouage avec ce laser est que l’impact sur les tissus est beaucoup moins important, permettant de réaliser des séances tous les mois et non tous les deux mois. On peut ainsi estimer qu’un détatouage au laser picoseconde ou PicoSure permet de réduire par deux le temps de traitement avant de voir définitivement son tatouage s’effacer.
Par ailleurs ce type de laser est beaucoup plus efficace sur des couleurs de tatouage récalcitrantes, comme le vert par exemple, que les lasers des générations précédentes.
A noter qu’il peut vous être proposé, selon vos attentes, le type de tatouage ainsi que vos moyens financiers, un détatouage soit par laser Q-switched, soit par laser PicoSure. Ces deux lasers peuvent bien entendu être utilisés en synergie d’une séance sur l’autre.
Le risque cicatriciel est également bien moindre après un détatouage au laser PicoSure. Il est particulièrement indiqué pour la prise en charge de ce que l’on appelle communément les “tatouages fantômes” qui sont des tatouages atténués soit par le temps soit par des techniques de détatouage plus anciennes, comme au laser CO2 par exemple.
La consultation préalable permet d’exposer les tenants et les aboutissants des diverses techniques possibles, mais également d’élaborer un protocole personnalisé selon les besoins du patient.
En tant que dermatologue et selon mon expérience en détatouage, je ne peux qu’engager les patients à se tourner vers le détatouage au laser plutôt que certaines techniques évoquées plus haut. En effet, enlever un tatouage au laser s’avère beaucoup plus sûr aussi bien en terme de résultats que de sécurité. Le but n’est bien évidemment pas de créer des cicatrices, le détatouage au laser, reste, pour cette raison la technique à envisager en première intention.
